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Le ventre d'Ivi Kromm
16 novembre 2008

Fasciné

Trouver_des_guides

« Un jour je me suis lancé, mon élastique bien nouée autour du cou, dans le Festival du Bout du Monde. Ça faisait quelque temps que je n’avais pas fait de festival. C’était bien, bref. J’ai vu de belles choses, j’ai vu des choses puissantes, j’ai vu des choses sympathique. Où était l’émotion ? Où étaient ces choses que jadis je ressentais très fortement ? Elles ne venaient plus que quand j’étais seul. Bizarrement, elles sont venues avec Mouss et Hakim, dans les vapeurs d’alcool du début d’après-midi. La veille, il y avait eu les Têtes Raides, bon, de loin, Macéo Parker, bon, du jazz, Alela Diane, bon, pas mal quand même, Camille, la claque bien sûr, mais quelque chose m’empêchait d’entrer en transe, et la transe est venue avec Mouss et Hakim. Elle ne vient presque plus qu’avec la lutte, la colère, la sensation de force, de groupe. C’est pour ça que j’avais fuit Emir.
Le lendemain, donc, après ça, après le plan pour que la grosse passe les vigiles, après Thiéfaine et Personne aux premiers rangs, Pura Fe’ défonçait ses potions sous le chapiteau. La vieille sorcière magnifique, là ça aurait mérité un premier rang! Vieux Farka Touré avait l’air d’un imposteur, je ne sais pas pourquoi. Je ne veux pas tellement savoir. Je me fous, finalement, des choses qui servent à s’amuser. On oublie le Taraf, on oublie Maalouf et surtout, on oublie cette lamentable daube de Tiken Jah, on boit une bière sous la flotte et on va se coucher. Demain, il y a Soldat Louis. Quelle poisse. »

Mon journal de bord n'a pas été beaucoup plus loin. Le festival du bout du monde est un formidable lieu d'insécurité bien que restreint, qui permet des rencontres artistiques sans précédents et ce à ma grande surprise car je pensais que ce côté voyage à domicile était un peu marketing et plein de poudre aux yeux mais finalement non, car c'est aussi un festival à taille humaine et malgré tout ce que cela implique quelque chose s'y passe, seule la notion de communauté pourrait me gêner là-dedans, la notion de privilège, la notion de privé. Privé, public. Je pense à ça, vous me direz, comme si j'avais une quelconque influence sur le problème des festivals. Sans doute. Il n'en reste que ce soir j'entends Jane Birkin à la radio, elle chante une chanson de Tom Waits. Ça me fait un de ces effets. Elle chante ça beaucoup mieux que ses propres chansons, c'est fou, elle interprète, elle ne raconte pas sa vie. Les interprètes ne m'ont jamais trop intéressé, mais peut-être des gens qui ont été formaté comme ça deviennent très bon là-dedans et pas ailleurs, sans être mauvais à priori ailleurs, mais des gens qui ont vraiment travaillé la question, sinon, TF1 aussi produirait des artistes hors le problème de ces gens, c'est qu'ils ne font que chanter. Il n'en reste, disais-je, que j'entends cette reprise, et que ça me rappelle tout un tas de choses, ça me rappelle Emilie Simon jouant quelques notes avec un sourire gentil et se lançant tout à coup dans une audacieuse et parfaite reprise de Nirvana, ça me rappelle... Les festivals. La foule. Ce soir dans la rue de Rohan il y avait une voiture de flics, puis des gosses qui tenaient des torches, puis des femmes voilées qui faisaient le cri des arabes là, puis les hommes aux cheveux courts avec des vêtements classiques, des travailleurs, portant des banderoles, et marchant vite... Cette petite foule qui n'avait pas l'habitude des manifs de toute évidence criait sans jamais s'arrêter « Libérez ... ». J'ai pris le tract, c'était des kurdes. Mais en rentrant chez moi, et avec Jane et tout ça je me disais... La foule. La force. J'ai envie de suivre, je suis... Fasciné.

15/11/2008

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