Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le ventre d'Ivi Kromm
23 avril 2008

Olé, gazier.

Ils étaient là, autour de moi, pas loin, mais je ne comprenais pas pourquoi. Je leur ai dit assez consensuellement qu'ils pouvaient partir, ils sont restés. Pourtant nous ne faisions rien, ne partagions rien, je fumais et jouissais de ce voyage dont on voyait déjà les contours, et ils se contentaient d'être là. Ne faisant plus la différence entre la réalité et ma façon de l'analyser, je lançais, une fois de temps en temps, une vérité générale très personnelle, aggressive et non-argumentée qu'ils relevaient à peine, restant dans leurs vides, qu'ils partageaient à peine, sans doute pas. Je chantais. Un moment, ils s'extasièrent sur l'architecture du nouvel aéroport en bon moutons dégustant leur merde et réussirent à m'agacer pour cette raison alors que je n'en avais absolument rien à foutre. Je l'avais dit d'entrée de jeu, les zones, c'était pas mon truc et qu'elles aillent toutes crever, sèches et plates comme elle sont, avant qu'un Jean Nouvel ou un autre illusioniste cher payé ne réussisse à nous convaincre d'y prêter attention.

Elle était malade. Je ne lui en voulais pas. Je lui en voulais un  peu d'être égo-centriste mais elle ne me dérangeait pas, elle semblait me rechercher et j'appréciais sa présence malgré son inutilité du moment. Lui, c'était une autre affaire et pas des moindres. Je l'agaçais, c'était clair, il avait l'air partagé entre un dégoût lassé et une obstination à rechercher quelque chose que manifestement il ne trouvait pas. Moi, j'imagine. Mais il s'était passé quelque chose. Mon départ nous avait soudainement rapproché, mon retour le laissait déçu. Avais-je été idéalisé? Certains me disaient qu'ils avaient à peine remarqué mon absence, lui peut-être au contraire l'avait vécu et voulait en me voyant trouver en moi la chose identifiée en réflexion solitaire qui l'intéressait. Mais, chacun étant fait de multiples choses je n'ai pas dû présenter la tant-attendue, me laissant sur un random agréable...

Je vivais. Il vivait avec d'autres, c'est pas de la vie qu'il attendait de moi. Un jour la peintre m'a appelé le grand sage. Je veux bien l'être, mais selon mes principes. Je ne veux pas être un grand-père en fauteuil chez qui on vient chercher un conseil qu'on respectera ou pas. Ni dans une grotte ni ailleurs. D'ailleurs je me déplace. Je ne suis pas non plus infirmière ou femme de ménage. Je tournoie et je ne mûris plus je pourris pour devenir un bon fromage qui pue. Je ne suis pas non plus à la carte. On ne m'achète pas alors que je pourrais en tirer quelque plaisir, mais non, non, principes d'abord et si vous me voulez faut m'attirer, faut se frotter à moi, et faut s'offrir, vrai, nu, ou alors dans un habit fou, mais ne jouons pas s'il vous plait à se juger en silence ou vous me verrez me presser vers la sortie pour toutes les raisons que vous imaginez. Et ne me reprochez pas mes humeurs. Je ne suis pas un produit qu'on peut gifler pour lui remettre les fils en place. On ne peut pas se plaindre de moi. On me prend, ou pas. Point.

terafi

Ceci étant moi aussi je suis resté sur ma faim. D'abord parce-que Fanny a disparu et que ça a fait un trou gênant, ensuite parce-que lui n'était pas au rendez-vous. J'ai cru au tour de force quand j'ai réussi à monter cette descente de bière de Noël, ce passage chez l'indien et cette destruction de santé avec largage de lest au poil à chaque étape. Ça a fonctionné! Le lendemain matin, nous étions bien, j'ai même cru que c'était gagné, et j'ai dérapé en conséquence.

Il a dit une chose qui me revient tout à coup, j'espère que ce n'est pas un feu follet car je vais aller dans ce sens, il a dit qu'un jour il avait suivi un cours de développement personnel ou quelque chose comme ça et que lui vraiment, il s'adaptait aux gens et aux situations. Quand personne n'était moteur il le devenait. S'il y avait des moteurs il suivait. Quand ci, il ça mais si ça, il ci. Bien. Très bien. Pourquoi pas, même, dans un projet commun. Mais nous n'en avons pas: nous sommes des êtres chapeautés qui s'apprécient et espèrent gagner quelque chose en se rôdant autour. S'il s'adapte avec moi, c'est une fausse route car à ce moment là en s'effaçant, il efface l'intérêt que je peux lui trouver, qui fait que je rôde et vais encore roder autour de lui.

Une écrivain à la mode a écrit un bouquin, pas trop mauvais au demeurant, qui s'appelait "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part". Je suis tout l'inverse, gazier. J'ai horreur qu'on m'attende. J'aime quitter le train pour me perdre seul dans les foules des quais, j'aime les trajets, j'aime les parcours et ceux qui s'arrêtent pour moi à un point de rendez-vous...

Pas qui m'attendent.

Birmingham / Schrewsburry
09/04/08

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité