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Le ventre d'Ivi Kromm
8 novembre 2007

J'enlève mon chapeau en entrant

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J’enlève mon chapeau en entrant.

Je viens car je suis bien, je n’ai besoin de rien et je suis propre. Je suis repu. Ce matin en souriant de calme et de suffisance j’ai vu une case vide dans mon répertoire, dans mon album. C’était vide à ta place, donc j’ai imaginé ta maison, j’y suis allé et j’ai grimpé le perron, me voici devant ta porte, la tête nue, et j’attends. Bien sûr tu n’es pas là, tu es loin, alors je laisse un mot sur ta porte. Que t’écrire ? J’ai tellement à te dire, mais je ne sais pas comment l’exprimer sur ce bout de papier déchiré et crasseux. Je veux t’avoir en face, dans la gueule. Comme au bon vieux temps, mais aussi comme au bon temps des ces derniers mois, comme depuis qu’on sait, qu’on a une relation sereine.

Pas si longtemps. Et c’était bon, tu te souviens ?

Je sais à peu près où tu es. Mais qu’est-ce que tu peux bien foutre là-bas ? J’ai agité, agité ma boule de cristal, et j’ai vu des choses, oui, mais jamais aussi claires que celles qui sortent de ta bouche, et c’est flou, tout ça, j’ai bien envie que ça me fouette la face comme le vent ici, sur la baie. J’habite face à la baie. Ça fait deux mois que je me livre à des inconnus, mais toi, sais-tu seulement où je crèche ? Sais-tu seulement la violence des rouleaux sur les rochers, la bêtise des moutons sur Constitution Hill, le goût étrange et bon de ce mélange plein de grumeaux ?

C’est ma maison. Et elle m'enchante, et j’ai envie de te la dire... Mais tu vois il n’y a plus beaucoup de place sur ce papier crasseux, je ne vois plus…

Il y a quelque chose, quand même, que je vais marquer ici sur ce bout froissé. J’ai plus de sous. Oui je sais, ça fait longtemps que j’ai les poches percées mais là, tu vois, je suis parachuté. Je serai le clandestin qu’on amène au charter si… Voilà pourquoi j’ai décidé de travailler, je cherche, je cherche et les conditions locales font que je ne reviendrai pas au pays enchanté cet hiver. Je ne viendrai pas non plus, quelque soit le plan dessiné, là où tu t’exiles, non pas pour épargner des pièces qui brillent, mais pour mettre le plus possible de pâte dans ma main.

Alors que te dire d’autre ?

Ma porte à moi est ouverte, surtout quand il pleut. Viens toquer! J'ai déjà mis l'eau à chauffer.

J'espère que tu es en grève. J’espère que tu es heureuse. J’espère que tu es libre et forte. Si t’as envie de faire une pause, de bouffer du pain de mie marmelade en en foutant partout, viens te perdre avec moi dans les montagnes, tu sais le châtelain est passé, on peut s’en sortir pour pas trop déshonorant.

Ouais viens faire un tour, ça me fera sourire et tu repartiras en forme, je crois.

Puis sinon dis-moi où il faut te renvoyer le courrier.

Claude.

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