Faut que je vous dise un truc.Alors que je me

Faut que je vous dise un truc.
Alors que je me relisais, là, dans le noir de cette page, j'ai vu ma gueule.
Et qu'est-ce que je me suis dit?

Ben merde, j'aime bien ma gueule. Pourtant il n'y a pas de quoi, hein, j'entrerai pas dans un magazine et c'est pas pour ma beauté si dans la rue on ouvre des grands yeux en me voyant. Mais bon, putain de Narcisse, au moins je ne me noierai pas dans mon écran, je me plais... Je sais que c'est difficile à comprendre pour certains, mais moi, c'est pas ça que je développe pour que les gens réalisent que j'existe. Si je fais ci ou ça à mon apparence, c'est pour moi. J'ai mes critères. C'est aussi pour ça qu'il n'y a pas trente-six personnes par jour qui me tapent dans l'oeil. Parce que mes critères, je ne les partage pas avec grand-monde.

Alors ouais j'aime bien ma gueule là je me suis pseudo-rasé, j'aime bien le trait net mais gras que trace mon menton jusqu'à mes oreilles. J'aime bien mes lèvres et leur côté gros muscles. J'aime bien comment elles bougent. J'aime bien ces deux grains de beauté tombés là par erreur, avec un genre de parallèlisme décalé qui me correspond à fond.

Mais je ne maîtrise pas encore assez bien ce concept de parallèlisme décalé pour vous l'expliquer. J'aime bien mes oreilles, et ces mèches de brelle qui tombent dessus. Ces trois cheveux qui dépassent derriète l'oreille gauche. Cette mèche blonde qui tombe sur mon épaule droite. Je l'ai choisie, travaillée, avec le temps, sans faire de grande révolution. Je l'ai fait grandir avec moi. Et de profil, de demi-profil, j'aime bien ce noeud à l'arrière du crâne qui élance ma tête vers l'avant, qui rend plat mon visage, mon front avec sa capuche chatain, et qui donne une logique à mon nez. Ce gros et long nez pâteux, sans charme, absurde et vulgaire, il trouve sa place. Il trouve quelque chose qui le rend agréable. Et il accepte ces grosses lunettes en mauvais état, ces lunettes que personne ne porte, ces lunettes rondes et fades qui lui glissent dessus ce qui fait que souvent je ne vois pas les gens. J'aime moyen mon sourire, soit, alors j'ouvre la bouche et je trouve cette dent là, le truc pas rangé, qui refuse de s'aligner, qui m'a complexé... J'aime bien cette dent qui s'avance, qui veut mordre en premier. Elle me tire.

Alors voilà je me plais. C'est dit, j'ai du style. J'ai mon style et je ne l'échangerai pas parce qu'il me réserve plein de surprises, il évolue. Mais il est constant. Et que c'est bon!