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Le ventre d'Ivi Kromm
2 août 2008

Elle savait à quoi s'attendre

Un arc de cercle face à elle sur la table. De gauche à droite : un paquet de Fleur du Pays orné de feuilles Tribal, un portable esquinté, une tasse vide avec soucoupe et cuiller, une serviette, une coupelle Rapido avec la note, un sachet marqué « sandwich » renfermant une tomate pourrie, quelques papiers chiffonnés et les restes d’une autre tomate, un verre vide, les papiers d’un chocolat et de deux sucres, un mouchoir.
Elle paye, ou pas ? C’est une bonne journée, malgré la fatigue, le stress de ne pas arriver à l’heure, la déception d’avoir loupé le train, il fait très beau et un vieux lui a lancé « Bon appétit ! » en la croisant dans la rue. Bon. Mais ce connard de patron de PMU, là, non. C’est trop. Encore que… Elle s’en fout… Enfin elle hésite quoi. Il l’a à peine regardée et n’a pas sorti d’autre mot que « voilà ». Et puis boire son café avec le son et l’image de la chaîne Equidia en direct de quelque part vers Chantilly, et Dieu sait où se trouve Chantilly, on a connut mieux. En même temps, elle savait à quoi s’attendre.
Bon, elle va payer, ramener sa vaisselle au comptoir et s’il ne s’éclaire pas un peu, avec sa, il va entendre la couleur.
La fille se lève, range ses affaires, roule une cigarette puis débarrasse la table et va vers le comptoir, derrière moi. Je regarde un gosse traverser la route alors que les enceintes lancent une salsa bon marché sortie d’une énième compil’ à exciter les beaufs. Quelques secondes passent.
- Merci, Monsieur !
- Au revoir.
Deux secondes.
- Votre café était un vrai délice.
Une seconde.
- J’ai adoré mon passage ici, vraiment, l’ambiance est délicieuse et le patron un vrai déconneur poli et souriant ! On voit que ça lui fait plaisir qu’on vienne dépenser nos sous chez lui. Je reviendrai, c’est sûr !
Je ne vois rien de là où je suis mais j’entends à ce moment précis un rire de soulard et on imagine que ça entraine le patron à sourire.
- Tiens vous savez sourire ! Pourtant même avec ça vous avez toujours une sale gueule. Il a toujours été comme ça ou c’est l’usure du temps ?
- … Ooooh… grommelle le soulard.
- Bon ben je vous laisse profiter de sa bonne humeur. Bonne journée !
Alors elle repasse devant moi, je lui souris, elle me sourit et sors avec son sac sur le dos. Le soûlard se met à rire plus fort et le patron aussi, plus discrètement, baragouinant quelque chose comme «Saleté de clocharde» et j’ai envie de sortir embrasser cette jeune fille qui vient de s’arrêter au milieu de la route pour allumer sa clope. Bon, soit, elle a les cheveux en pétard et un look de faucheuse volontaire.

Landerneau, 17/07/08

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Commentaires
I
Tiens tiens, capitaine, ça faisait quelque temps que j'avais plus entendu parler de toi justement! Je vais en profiter pour aller refaire un tour chez toi :D
C
On s'y croirait. T'as d'beaux mots tiens.<br /> Je reviendrais ? J'y penserais quand j'aurais fumé ma roulée, tu m'as tenté.<br /> <br /> Cordialement, <br /> <br /> CapitaineRiendutout.
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