Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le ventre d'Ivi Kromm
20 octobre 2007

Il y en a qui savent pas pourquoi ils sont là. Il

KROMM

Il y en a qui savent pas pourquoi ils sont là. Il viennent, ils partent, ils vivent, ils savent pas et ils ne sauront jamais, ou peut-être très tard. Faut pas leur en parler. Et c'est frustrant, des fois. Il y en a qui forcent le passage, qui s'accroche aux bouts de jeans déchirés entre les godasses et la terre, et qui finissent par rester dans une flaque à moins qu'on les relève. D'autres à qui on s'est accroché aussi, comme ça, envoyant des sourires, en plaçant sa voix avec précaution, avec ambition, séduction. On a couru, couru pour les suivre, pour attrapper leurs mains puis se rendre compte un beau jour qu'on est devant eux, les yeux bandés et qu'ils nous guident. Cette image, là devant, ce n'est qu'une illusion, l'idée qu'on s'en fait car on entend leur voix, tout le temps. Il y a ceux qu'on pousse, qu'on trimballe, qu'on entretient. Les pires. Il y a ceux d'avant, qu'on ne sait plus ou ranger, mais qui restent alors qu'ils sont rouillés. Le grenier en est plein. Certains veulent en descendre et viennent te préparer à manger mais non, dégagez, ou parfois oui, ce soir d'accord, mais après tu retournes au grenier. Tout ça alors que d'autres ne trouvent plus la porte. On a beau les attendre ils n'arrivent jamais.

Des centaines de sortes, des milliers peut-être, mais il y a ceux qui savent. Il y a... celui ou celle qui sait. Qui a décidé, qui a prévu avec, qui a aménagé son salon pour. Ils vont ceux-là, de salle en salle, ils se baladent, parfois même ils sortent mais bon, eux, ils la connaissent cette porte, ils ont la clef, même. Elle elle l'a en tous cas.

Et puis il y a l'autre, là. La perdue. Le meuble, le meuble qui pourrait servir mais qui se ferme dès que vous voulez y ranger quelque chose. Pourtant il veut rester à sa place! Il y est bien, il a chaud, il est nourri et il a même une porte secrète dans le fond pour se barrer quand il veut un peu d'air. Et quand t'es dans ton fauteuil, quand t'as ta journée dans le cul ou le monde qui explose dans le crâne, eh bien qu'importe, il faut quand même le lustrer, lui huiler les serrures, il le faut. Et dans le fond, on l'aime ce meuble, sinon il serait déjà là-haut à bloquer les portes du grenier, mais on espère, on espère qu'on va pouvoir en faire quelque chose... Et jamais ça ne change, même quand on se casse en lui laissant un pot de fleurs dégueus sur le napperon.

Jeudi 11 Octobre

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité