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Le ventre d'Ivi Kromm
12 janvier 2009

St Michel

Quand la vie a craqué j'ai poussé les hôtels de haut standing du haut de la falaise lisse et regardé avec excitation leur structures s'éclater dans le néant, partagé entre culpabilité et plaisir solitaire, mais déjà les masures grommelaient d'être ainsi réveillées, leurs murs râpeux se fissuraient comme elles se gonflaient puis tout rentrait dans l'ordre et l'on n'a plus entendu qu'un grondement discontinu, ces poumons malades trop longtemps opprimés qui retrouvaient tout à coup l'air pur dans ce climat de combat – déjà terminé dieu merci. Pourtant les citoyens luxurieux ou nihilistes couraient dans tous les sens, affolés, et j'ai ris de les voir s'agiter ainsi alors que tout était fini! L'horloge indiquait: 10h10. C'est bouche-carrée qui l'avait réglée. L'horloger n'avait rien vu et j'étais arrivé bien après, prêt à intervenir, je feignais de me balader avant de m'introduire tout à coup dans les hôtels de haut-standing pour les pousser. Le carrelage du sol avait été arraché avec ces immeubles réfléchissants et, les cheveux allant au vent, le manteau aussi, j'avais l'air satisfait du héros venant d'accomplir son devoir: demain, après-demain, des brins d'herbe pousseraient, des pâquerettes, des fleurs fadasses ou superbes, de la vie, quoi.

Les volets des masures se sont mis à claquer et des vieilles en jupes à sortir et lever les bras au ciel en lançant des exclamations de défi à l'Eternel, on sentait le bonheur sur leurs joues et j'ai pensé à bouche-carrée, certainement bien loin d'ici à cette heure, mais s'arrêtant une seconde pour entendre le cri des métaux glisser vers le fond, se disant « Il a réussit ». Quel moment! Mais je ne faisais qu'esquisser un sourire, soucieux de mon allure en ce moment là et j'ai sifflé fièrement pour qu'arrive mon fidèle animal, va savoir lequel encore...

Je suis revenu à la réalité en écrasant mon mégot sur un carreau luisant, et ai rejoint le bar en effleurant la masure du doigt. Grande-bouche a fermé la porte devant moi quand j'ai voulu rentrer... J'ai pris sur moi et je me suis assis face à lui: il m'avait pris un verre de liqueur que je descendis rapidement en lançant quelques énoncés. J'avais, et j'ai toujours, des problèmes avec le passé composé, les temps en général, toujours cette histoire de direction. S'imposer une direction: voilà la difficulté! Les gens croient que je suis devenu amorphe, ou que je n'ai plus de réactions parfois en tout cas, que des impulsions aussi intérieures qu'imprévisibles. Ce n'est pas que je ne ressens pas la stimulation, c'est que je ne sais pas quoi en faire. Soit je sens bien la pirouette dans laquelle je vais me lancer soit je me tais. Je lui dirai bien, pourtant, que j'ai poussé les hôtels de haut-standing, à grande-bouche, mais alors une plante quelconque trouverait quand même le moyen de le distraire en me lançant: « Dans l'immeuble, il y avait l'homme de cette amie que tu rejettes, un travailleur! Bravo! Tu es fier de toi? Tu ferais mieux de disparaître avant que ça ne s'ébruite! ».

10/01/09

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