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Le ventre d'Ivi Kromm
7 novembre 2008

Médiation

1_Ballade___Edimbourg

- Personne te demande jamais rien, t'as remarqué? Personne te demande ton avis. Non pas que tu sois invisible ou transparent, non, au contraire, on voit bien que t'es là. Peut-être que tu parles trop. Peut-être pas de la bonne manière. T'as l'air sérieux et ennuyeux, tendance lourd, alors que dans le fond tout ce qui t'intéresse c'est un peu d'émotion et une bonne tranche de rigolade, n'est-ce pas? C'est pas tellement ton truc les sensations fortes. Ça t'intéresse pas. Limite si ça existe, dans le fond... Alors que les rapports humains, ça ça pète. Ça ça vaut le détour et la dépense d'énergie, ça ça vaut bien qu'on se foute du reste. Se sentir investi dans un groupe. Se sentir une mission, une place, une responsabilité. Oh, on a trop jazzé sur les sociétés comme ça où l'on ne peut sortir du rôle auquel les dominants voudraient nous cantonner. Les femmes, par exemple, ça on en parle. On dit tout et n'importe quoi d'ailleurs. Ces histoires d'égalité, ces histoires... T'y crois?
- Non. J'aime les différences, justement.
- Mais tu ne crois pas que ce soit quand même... une sorte de prison?
- Pas si c'est conscient. Si on comprend. Si tout le monde comprend, qu'on sait pourquoi on est quelque part et qu'on se sent respecté pour ça. Sans pour autant que ça est besoin d'être dit... En général quand on le dit ça n'existe plus. On fait exister les choses par l'abstrait.
- Parce que tout peut y exister? Même les choses les plus inattendues?
- Oui, c'est pour ça que ça dépasse de loin ces histoires de femmes, c'est une affaire d'êtres humains. Ou bien d'êtres tout court. - Les différences n'existent pas de fait. Rien n'existent de fait. Une chose existe à partir du moment où on la pense.
- Tu arrives à faire exister ce que tu penses?
- Non... Parfois, si.
- Alors qu'est-ce qui cloche?
- Moi, c'est moi qui cloche, je crois que c'est moi-même que je n'arrive pas à me penser. Je me retranche souvent sur une nature de fait, alors que je sais qu'elle n'existe pas, mais... Le corps nous y ramène. La peau. Le cœur.
- Tu veux dire que le corps fait illusion? Dans quel but?
- Je sais pas. Peut-être que ça aussi c'est une illusion. Qu'on demande au corps de s'attribuer une responsabilité qui est en fait la nôtre. - Tu oublies que sans le corps, tu n'existes pas. Tu n'es rien. Tu n'es même pas poussière. Il faut que tu apprennes à mieux cerner cette abstraction-là. Ce lien intime et inexplicable entre le corps et l'esprit. On oublie l'âme, d'accord, ce vieux mythe ne sert à rien. Mais nous sommes bien deux. Tout est deux, tu comprends? Oui, tu comprends. Alors qu'est-ce que tu veux, finalement?
- Je voudrais qu'on me surprenne. Pas qu'on se fasse surprenant, non, qu'on me surprenne moi.

06/11/08

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