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Le ventre d'Ivi Kromm
6 juillet 2008

Grosse femme

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Mardi 17 juin, Brest.
Me revoilà. Dans la ville calme, morte, j’ai marché jusqu’à Liberté et observé les préparations sur la place, puis j’ai cherché l’heure du prochain bus 3. J’étais donc là, noyé dans la fiche pleine de chiffres et de renvois à des notes de bas de page, des encarts, des plans, quand tout à coup on me tape sur l’épaule :

-         Jean !

Je me retourne, une petite femme un peu grosse avec un bob rouge sur la tête me fixe, tout près.

-         Eh bien, qu’est-ce que t'as ?

-         Euh… On se connaît ?

-         Tu te fous de ma gueule ?

Je souris. Qui est cette femme ? C’est absurde, et je ne sais pas quoi dire.

-         Bon. J’ai pas que ça à foutre, tu veux que je t’emmène ou pas ?

-         Mais…Sérieusement vous devez vous tromper de personne, je ne comprends pas de quoi…

Alors elle ouvre des yeux plus grands et incline la tête pour m’observer par-dessus ses lunettes.

-         Tu n’es pas Jean ?

-         Ben… non !

-         Tu te fous de ma gueule. T’es complètement perché et tu ne sais plus ce que tu dis, c’est ça ? Allez suis moi.

Elle m’attrape par la manche et m’emmène hors de l’arrêt de bus vers une petite voiture bleue, mais je me dégage alors elle se retourne et me fous une baffe assez sèche bien que son bras soit lourd.

-         Bon t’arrêtes ton cirque maintenant ? Tu préfères attendre le bus de demain sans doute ? Alors maintenant tu viens !

-         Eh ! Stop ! Je ne sais ce que vous me voulez mais là ça va trop loin, foutez-moi la paix d’accord ?

-         Bon Dieu de merde. Qu’est-ce que je fous avec ce grand con là. Fais gaffe Jean, un jour je vais te jarter une bonne fois pour toutes, tu partiras à la jaille avec les autres déchets et là tu regretteras d’avoir fait le con avec moi. Pourtant on peut pas dire que j’te fais chier, hein, on me dit va le chercher je vais le chercher, on me dit fais la bouffe je fais la bouffe, je pose pas de questions, je laisse faire et je reçois tous les barjos que tu ramènes en braillant, alors va falloir la mettre en veilleuse si tu veux pas que j’commence à m’énerver c’est clair ?

-         Vous… vous êtes complètement folle.

-         Ah ouais j’ai l’air folle ? Parce que t’es modéré sans doute ?

En disant ça, alors qu’une voiture s’amenait elle s’est avancée vers moi et j’ai reculé, comme si j’avais peur, et en effet j’avais un peu peur.

-         T’as peur de moi ?

-         … Je… Je sais plus quoi dire.

-         Alors monte en voiture.

-         Non, non, non, je ne monte pas en voiture avec vous, je ne suis pas Jean et je ne vous connais pas ! C’est incroyable ça !

-         Bon ok. Bouge pas.

Elle sort son portable d’un sac à main banal et appelle.

-         Ouais Sophie ? Bon écoute je sais pas à quoi il joue mais il dit qu’il n’est pas Jean et il refuse de me suivre. Il a l’air complètement perché c’est ridicule. J’fais quoi ? J’le ramène de force ou… ?

-         Mais…

-         Bouge pas j’ai dit ! Bon très bien. Va falloir qu’ça change, hein, je vais pas m’faire des allers retours pour quelqu’un qui se fout d’ma gueule. Bon allez à tout à l’heure. T’as entendu euh… Jean qu’est pas Jean ! Elle m’a dit de te laisser là. Tant pis pour toi. Mais t’avises pas de venir sonner en plein milieu de la nuit, j’me lèverai pas pour t’ouvrir et si tu fais trop de boucan j’appelle les flics. Allez, salut.

Et puis elle est partie, au volant de sa petite voiture bleu foncé, me laissant là sur le trottoir, complètement éberlué. Et puis j’ai vu le bus 3 arriver, alors j’ai sauté dedans pour aller chez Tangi.

Quelques jours plus tard, j’étais à une fête dans la rue, c’était quoi ? La fête de la musique. J’sais plus comment je suis tombé sur elle. Une jolie fille, ça c’est sur. Et drôle, et alcoolo, enfin, tout pour plaire et on a fini ensemble. On avait un pote ou deux en commun et puis on s’est revu à une autre fête et puis voilà, on sort ensemble, enfin bon, bref, ce matin on passe chez elle avant de reprendre la route vers chez moi. Elle habite un petit appart dans Keredern. Bien pourri. On se paye les six étages à pattes, on est de bonne humeur, et puis on débarque chez elle. Une petite femme un peu grosse sort du salon, nous entendant arriver, elle dit deux trois mots à sa fille et puis me remarque et me lance un « Salut » quelconque. Je m’avance…

Oh putain. C’est elle, bien sûr. J’suis abonnés aux trucs simples, faut croire.

01/06/2008, Kerinou, Brest.

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Commentaires
F
Ca a vraiment l'air d'une histoire vraie, en plus.<br /> Bon moi aussi je suis abonnée aux trucs simples, on dirait. Je m'étendrai sur ce sujet quand on se verra, c'est à dire bientôt. A plus Krommus.
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